FASHION PLAZA NIGHTS

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extraits décrivant partiellement la nature de ce projet de compositions pour 2 pianos et 4 mains
 

Ce projet a été déclenché par mon désir d’entendre le résultat sonore de "l'inventaire nocturne » des fenêtres illuminées au hasard des étages où l’activité ouvrière se poursuivait jusque dans la nuit. Cela me semblait une façon ludique, malgré les aspects mécaniques et archivistiques du geste, de transposer l’effort ouvrier en musique. Cette comptabilisation des fenêtres illuminées comprenait non seulement celles de l’immeuble The Fashion Plaza, mais également celles de la tour voisine, quasi-identique, à laquelle il est rattaché à sa base par les trois premiers niveaux et le sous-sol. Cette combinaison me permettait d’entrevoir des œuvres pour deux instruments dans un même tempo. La forme des tours, pouvant évoquer deux pianos côte à côte, ainsi que mon penchant naturel pour cet instrument m’ont fait voir spontanément des compositions pour deux pianos. En sachant que mes documentations mensuelles consisteraient à photographier les quatre façades des deux immeubles voisins toutes les heures, de la tombée du jour jusque dans la nuit, j’entrevoyais la répétition d’un certain motif. Dans cette répétition, j’imaginais une certaine structure musicale ainsi qu’une analogie avec l’idée des tâches répétées au quotidien par les ouvrières des manufactures. 

L’idée était de conserver une trace de l’activité nocturne, suggérée par les carreaux illuminés, se déroulant tout autour de mon atelier pendant une période donnée, et d’en faire une transposition sonore. Il fallait dès le début établir un système, en commençant par déterminer la durée de l’échantillonnage. Puisque la notion de cycle m’est chère, j’ai choisi une période d’une année. J’aurais pu choisir une journée, une semaine ou un mois, mais une année complète correspondait à la durée initialement prévue pour l’ensemble du projet Chrysalides. Ce cycle d’une année m’a également permis d’envisager des variations de durée selon les périodes d’illumination. Ainsi, les morceaux correspondant aux mois de novembre, de décembre ou de janvier seraient plus longs et sans doute plus chargés, car il y avait encore beaucoup d’activité au moment où j’effectuais ma première ronde, entre 16 et 17 heures. Il s’est donc construit une forme de protocole dès le début pour structurer ma démarche. Puis d’autres choix ont été faits, tels que la valeur de chaque fenêtre ou groupe de fenêtres, la nuance (fortissimo, piano, pianissimo, etc. selon que l’intensité lumineuse est forte, faible ou très faible), les tonalités possibles et le rythme.